On aura beaucoup entendu d’aucuns affirmer avec force que nous sommes en guerre.
Assertion à laquelle ont fait écho les «lutter contre », « au front », « en première ligne», etc.
Du coup on a entendu se multiplier les impacts !
Impacts par ci, impacts par là, que de balles ont sifflé à nos oreilles ! Mais combien de
ces snipers amateurs auront atteint leurs cibles inframicroscopiques ?
Fort peu, à mon avis. Beaucoup de poudre gaspillée, dans cette guerre où l’on a surtout
répandu de la poudre… aux yeux. La poudre à lessiver et le savon, aussi.
Au front comme à l’arrière, on en sort lessivé, en effet. Faut-il le porter, comment le
porter, quand, où doit on le porter, comment le laver ? et les mains, et les mains, et la
bouche, et le nez… Alouette, gentille alouette
Non, je ne me moque pas. J’en ai entendu qui parlaient de jouer le jeu ! Masques,
distanciation sociale, il faut jouer le jeu , j’ai entendu ça, je le jure !
Alors ? Une guerre ? Un jeu ? C’est donner à choisir entre peste et Corona.
Donc, nous aurions eu besoin d’un adversaire qui dise au moins clairement son nom.
Voilà une précision omise par les experts puisque les médias présentaient sous ce titre
les infectiologues, les épidémiologistes les plus autorisés. Mais qui sont alors ces autres
experts si vivement recommandés par les médias, qui auraient acquis leur expertise
dans l’étude approfondie d’une maladie jusqu’ici inconnue ?
Sous cette avalanche de bulletins désastreux, de fakes foireux, d’informations souvent
contradictoires, il a fallu céder du terrain, masqués tant bien que mal devant un ennemi
invisible, et on s’est retranchés derrière l’ultime rempart : nos foyers… où la télé
diffusait très à propos les tribulations drolatiques de la 7ème Compagnie.
Le vocabulaire, voilà où le bât blesse. Que peut-on retirer de profitable à l’avenir, pour
la nature humaine et la nature elle même, de ce flot d’informations verbeuses, où le
verbe s’est fait chair… à canon ?
Covid 19, on dirait plutôt un matricule, ou l’intitulé d’un dossier ultra confidentiel des
Services secrets. On passe de la guerre à un film d’espionnage ! Quoique… petit d pour
disease , you know ? Un petit d de rien du tout, juste un d dérisoire, qui prétend résumer à lui tout seul une catastrophe d’une pareille ampleur. Il fallait un D majuscule, D pour Désolation, Deuil immense, Dégâts incalculables. Aussi nous a t-on fourni des chiffres, des chiffres à n’en plus finir, en guise de compensation.
Quant à Corona virus, ce nom n’est pas des mieux choisis non plus pour une armée
ennemie, abhorrée, dont le sang impur doit abreuver les sillons des villes et des
campagnes du monde entier. On croirait, à l’entendre mêlé aux bilans du gouvernement, qu’i l s’agit d’un nouveau parti politique, inattendu, nettement monarchiste puisqu’il nous distancie pour mieux régner… N’ayant jusqu’ici conclu aucune trêve, signé aucun armistice, c’est lui, ce virus de noble souche, qui collectionne les sinistres records et récolte les couronnes de laurier.
Avant toute chose, donc, il eût fallu les armes appropriées, c’est à dire les mots justes.
Appeler un chat un chat, et une crise un fléau.
Tiens, je l’aime bien, ce mot-là. Il évoque le malheur, mais aussi les moissons, le bon
grain sans l’ivraie, le pain frais…
Et le pain sur la planche !
Jerry John